Moule Vs Porc

Scène de vie ordinaire, ce midi au très chic marché de l’avenue du Président Wilson, Paris 16.

Je suis heureuse parce que je viens de m’acheter 1kg de moules de bouchot, la seule moule que la féministe que je suis ne défende pas et dévore sans pitié. Mes yeux sont alors attirés par le rose-rouge éclatant des quarts de pastèques que le primeur bio exhibe tels des aimants à clients. Je me dirige vers les fruits non pas dé mais fendus, et passe devant un marchand de robes à fleurs, quand j’entends le type crier à son homologue se situant de l’autre côté de l’allée " - Eh regarde ça Roger, on lui boufferait bien les nichons à celle-là hein ! "

Le temps que la phrase de ce porc arrive à mon petit cerveau de femelle, je stoppe net, fais volte face et lui demande « - Vous trouvez ça normal de manquer de respect à ce point là aux femmes ? »

Le porc : "- Qu’est-ce qui te dis que je parlais de toi ?"

Moi : "- Et courageux et par dessus bord."

Le porc : "- Je t’ai rien demandé, salope."

Les réactions autour de moi ? Bizarrement à ce moment-là toute la foule du marché s’est mise à regarder ses pieds. Et là - j’avoue - je perds totalement mon sang froid, je m’approche de ce coprolithe, je sens la colère et la violence envahir tout mon corps. Une force invisible s’empare de mon bras droit et je sens que ma main va se lever et frapper cette chose qui vient de me traiter de salope. Mais j’ai beau être une femme hystérique (pléonasme) je réussis à me contrôler et à écouter la petite voix en moi qui me dit « la violence n’a jamais été une solution, baisse ton bras pauvre femelle ». J’opte finalement pour l’option verbale, enseigne à ce déchet humain que ce qu'il vient de faire s'appelle du harcèlement et le menace d’appeler la police. Malheureusement je sais très bien que si je le faisais les flics me rembarreraient certainement, comme ils l’ont fait dernièrement lorsque Fatima Benomar a demandé de l’aide à trois flics témoins de la meme scène qui lui ont ri au nez et rétorqué de « rentrer chez elle ». 

Rappel : 100% des femmes sont victimes de harcèlement de rue. Et cela où que ce soit.

La Chapelle-Pajol ou Troca, même combat.

Alors en attendant qu’on élargisse les trottoirs et les allées des marchés, 

en attendant que les porcs n’aient plus ni dents ni bouche pour s’exprimer et nous harceler

je me dis qu’il serait bon que les témoins de ce genre de scène ne restent pas silencieux.

Demain sera la date anniversaire des 20 ans de la mort de celui qui sensibilisa le monde entier à la protection des fonds marins avec Le Monde du Silence.

Personnellement j’estime que la protection des moules est au moins aussi importante que celle des petits poissons et j’aimerai si possible par ce post éveiller vos consciences non pas sur le monde du silence mais sur le silence du monde.

- In the end we will remember not the words of our enemies, but the silence of our friends. - 

M.L.K

Bonne gay pride à toutes et à tous, et vive la moule !