R.I.P ATTILA (1978-2017)

Attila, c’est ton grand-père qui t’avait surnommée comme ça. Ceux qui t’ont connue savent pourquoi…

 

Mâlencontreusement.

Tu as cru pendant longtemps que tu étais une erreur génétique, que tu aurais dû être un mâle, ça aurait été bien. Mais tu étais passée à un chromosome Y près du succès. Parfois le masculin ne l’emporte pas sur le féminin. Too bad for you. Pour compenser la nature t’a dotée d’une paire de couilles émotionnelles.

 

Gogo gadget au bras 

A 3 ans tu te cassais une première fois le bras chez le pédiatre. Ravie de pouvoir te servir de ton plâtre comme d’une arme pour frapper ta grande soeur tu as remis ça régulièrement tous les trois ans, soit quatre fois en 12 ans. Douce et tendre Attila.

 

Melo(wo)man.

A 7 ans tu jouais du piano assise mais tu t’entraînais à pisser debout ; et tu en foutais partout.

 

Danger..

A 14 ans tu fumais, tu buvais, tu couchais. Il suffisait qu’on t’interdise quelque chose pour que tu fonces tête baissée. Bon petit bélier. Jeune écervelée. Rien trouvé de mieux pour se faire rebeller.

 

Partisane du moindre effort

A 16 ans tu voulais être journaliste mais tu fais une croix sur le CELSA parce que ta prof de français t’avais dit que tu écrivais en faisant des phrases trop longues alors que pas du tout et puis peut-être aussi parce qu’à force de sécher les cours et de te la jouer rebelle tu avais fini par te constituer un dossier qui te condamnais à faire des études supérieures médiocres. Alors tu as passé le concours de la seule école de commerce dont l’anagramme t’allait comme un gant et t’appelait comme un aimant : l’IPAG a.k.a Institut Pour Apprendre à Glander. Tu passais plus de temps au bistro qu’en amphi.  Tu t’y es fait une amie pour la vie mais tu n’y a rien appris. Ah si, en 4ème année tu as lu un livre du programme, un seul : Disruption. L’auteur Jean-Marie Dru y fait l’éloge de la pensée différente, forcément ça t’a plu.

 

99 francs

Tu es donc rentrée dans le monde merveilleux de la publicité. A défaut de te servir de ta plume pour éveiller les cerveaux tu appris à te servir de ta plume pour manipuler les cerveaux. 

Tout n’était pas pourri, tu t’y es fait aussi d’autres ami.e.s pour la vie. 

Côté attitude tu ne t’es pas calmée. Insolente, impertinente, parfois cassante. 

Côté activités : sortir, faire la fête, ne surtout pas grandir. 

Quand tu croisais une femme enceinte tu changeais de trottoir. Au cas où elle te contaminerait. Pour toi un ventre rond était le symbole suprême de l’oppression. Tu rêvais d’inverser les rôles, de mettre les mecs en cloque. Et tu l’as fait.

 

 

14 mai 2011

Avant Weinstein il y a eu l’affaire DSK, un tsunami qui a changé le court de ta vie. Ce jour là tu as compris l’ampleur des dégâts. Tu as voulu comprendre et tu t’es passionnée pour le sujet. Tu n’as plus voulu de ton costume de garçon manqué. Tu es devenue féministe sur le tard. 

 

Le changement c’est maintenant.

Passons sur les années Flamby, scrollons direct en 2017. Quand Trump est passé tu as pleuré. Pour tes 39 ans Doc gynéco et l’horloge biologique t’ont chanté leur fameux duo. Et ça a marché. Alors  tu as décidé de changer, vraiment, de muer, de te faire la peau d’Attila. Décidé d’arrêter de noyer ta sensibilité dans l’alcool en buvant comme un bonhomme. Décidé d’arrêter de te bousiller la santé en fumant comme un pompier. Décidé d’arrêter de cramer le peu de neurones qu’il te restait avec ces lignes qui ne contiennent aucun mot. 

 

Chère Attila, à bientôt 40 ans il était quand même grand temps. Va, repose en paix et salue Jean Rochefort et Françoise Héritier pour moi. Ciao Bambina.

 

Maintenant tu n’es plus je vais enfin pouvoir m’élever. Juste au niveau de la mère.

 

R.I.P Attila.

 

Et Abracadamoi.